Starbucks se convertit au café équitable (01/03/2010)

Publié le par Frank Chantepie

par Keren Lentschner

INFO FIGARO - Partenaire du label Max Havelaar, la chaîne américaine ne vend plus que du café issu du commerce équitable. Un pari commercial destiné à séduire une clientèle plus jeune, plus urbaine et plus aisée que la moyenne.

Un petit noir équitable, sinon rien. Depuis ce matin, tous les cafés vendus dans les Starbucks européens sont issus du commerce équitable. L'ensemble de la chaîne de production de son expresso - qui sert de base aux «latte», «caramel macchiato» et autres «capuccino» vendus dans les restaurants de la chaîne américaine - est désormais certifié du label Max Havelaar.

Après la Grande-Bretagne en 2009, Starbucks se convertit aujourd'hui au 100 % café équitable en Europe continentale. Environ 300 000 boissons à base de café certifié, servies dans des gobelets en carton frappés du logo bleu et vert Max Havelaar, seront vendues chaque jour sur le Vieux Continent. «En France, dix millions de consommateurs par an seront sensibilisés au café équitable», se réjouit Philippe Sanchez, directeur général de Starbucks France, qui comptera 54 cafés après l'ouverture de celui de Marseille, le 28 avril. Starbucks assure qu'il n'augmentera pas ses prix (un café coûte en moyenne 3 euros) malgré les coûts de son nouvel approvisionnement.

«Les grandes entreprises se doivent aujourd'hui d'avoir un comportement responsable, explique Philippe Sanchez. C'est une question de valeur, pas de retour sur investissement. Nous mesurerons les effets sur le long terme.»

Dès sa création à Seattle en 1971, Starbucks a bâti son image d'entreprise «responsable» en accordant couverture santé, formation et stock-options à tous ses employés. La chaîne compte sur ses barristas (serveurs), qui suivront cinq jours de formation sur le café équitable, pour prêcher la bonne parole auprès de ses clients. Mais elle espère surtout devancer leurs attentes. En France, les trois quarts d'entre eux sont des jeunes, citadins, parisiens, qui travaillent. «Cette clientèle-là attend des grandes entreprises qu'elles soient responsables», ajoute Philippe Sanchez. Aux États-Unis, où ce créneau semble moins porteur pour séduire les buveurs de latte, la chaîne n'est pas encore passée au 100 % équitable.

Starbucks a acheté 18 000 tonnes de café certifié Max Havelaar l'an passé, deux fois plus qu'en 2008. La chaîne assure en être devenue ainsi le premier acheteur au monde.

«Cela représente un travail considérable en amont afin de faire en sorte qu'un maximum de producteurs puissent répondre aux critères de qualité», explique Joaquin Munoz, directeur général de Max Havelaar France. Plusieurs dizaines de milliers de producteurs supplémentaires d'Amérique latine, d'Asie-Pacifique et d'Afrique devraient ainsi devenir fournisseurs de Starbucks.

100 millions d'euros investis 
 

Le passage au «100 % équitable» a coûté l'an passé environ 47 millions d'euros à Starbucks. L'investissement devrait être au moins équivalent cette année. Il inclut le prix d'achat premium du café équitable payé par Starbucks (1,10 euro par livre), ainsi que le coût de la certification. Le label Max Havelaar garantit aux producteurs un prix d'achat minimum de 92,5 centimes par livre, qui permet d'atténuer la fluctuation des cours, ainsi qu'une prime de développement de 7,4 centimes par livre. Un confort appréciable pour ces coopératives familiales de deux à trois hectares en moyenne. En contrepartie, les producteurs s'engagent à investir cet argent dans une agriculture respectueuse de l'environnement (utilisation des pesticides, gestion des déchets, traitement des eaux) et à améliorer les conditions de vie des travailleurs.    

Publié dans La mondialisation

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